mardi, décembre 10, 2013

Lettre à mon père

Il y a six ans mon papa nous quittait.

À nos proches présents mais surtout à lui, j'ai lu cette lettre:

"Mon beau papa, mon si beau papa,

Je suis sur une planète émotive inconnue depuis cinq jours. Figée. Absente. Incrédule. Implosée. Le premier homme de ma vie s'en est allé.

J'essaie de me rentrer ça dans le crâne, papa, mais en vain. Comment imaginer que jamais plus je ne te serrerai dans mes bras? Tu croyais au destin parce que tu n'étais pas parti avec les Larose le soir de l'accident du train et que c'est ce qui t'avait épargné. Eh bien voilà, à présent, ton heure a sonné. À présent, ton calvaire est terminé. Tu es libre de tes chaînes, papa.

Avant de lâcher ta belle grande main de guitariste, mon si beau papa, laisse-moi t'adresser encore quelques mots.

Papa, toi l'homme rayonnant, sais-tu à quel point ta présence irradiait les partys? Sais-tu à quel point ton charisme, tes couleurs, ton entrain et ta musique ont fait vibrer le coeur des gens? Papa le musicien, papa l'incarnation de l'humour, papa le désinvolte, papa le Grand, papa l'enfant gâté, papa l'adulé.

Qui donc aurait pu relever le défi de détester l'homme exquis que tu étais? Tes parfaites compétences sociales seraient venues à bout de n'importe quelle ermite, de n'importe quel taciturne, de n'importe quel air bête.

Tu étais imparfait, papa. Et je ne le dis pas avec des yeux réprobateurs. Je le dis plutôt avec un sourire admiratif, un sourire complice. Tu étais délicieusement imparfait. Un Robert trop vertueux n'aurait pas été mon père. Un Robert trop parfait aurait étouffé. Papa et ses excès, papa et sa démesure, papa l'épicurien.

Papa et ses préjugés, ses colères irrationnelles, aussi. Ses colères contre la maudite menace que représente Internet, contre la souveraineté, contre les chapeaux à table, contre la publicité du gars qui se prend pour le chat Hubert, contre la terrifiante menace que représentent les immigrants, contre Marianne qui cherche ses lunettes, contre la schizophrénie de notre défunt chat Spermo, contre tout ce qui était incohérent avec "dans son temps", papa qui s'énerve contre moi qui tente de comprendre chez lui une logique musicale là où il n'y avait qu'instinct et oreille. Cher papa ! Tu y mettais une fougue, une passion renouvelée chaque fois !

Il y avait aussi ton charme, papa. Quel est celui qui aurait pu être insensible à ton charme et ton charisme? Ton charme: une couche de vernis sur ta sublime personnalité. Tu avais le doigté naturellement. Tu savais plaire sans vulgarité, tu savais cueillir le fruit de tes yeux doux avec une parfaite élégance.

Quelle gueule tu avais, papa ! De la grande classe ! Gentleman à l'os. Quel homme savait complimenter avec autant d'audace et de courtoisie à la fois? Quelle homme savait faire danser une femme avec autant de grâce? Avec quel autre homme aurais-je valsé le coeur si léger? Tu savais envoûter, papa. Une de tes forces innées. Sans malice aucune, tu envoûtais.

Jamais je n'oublierai nos valses où, yeux dans les yeux, sourire contre sourire, plaisir contre plaisir, nous valsions de bonheur. Parce que tu étais très digne cavalier, j'arrivais à ne pas trop t'écraser les orteils. Jamais je n'oublierai l'étincelle dans tes yeux dans ces moments de pure grâce, jamais je n'oublierai tes gouttes de sueur qui m'amusaient lorsqu'elles coulaient effrontément sur mon front. Au mariage de Sylvie, tu te souviens papa comme nous avons valsé, comme je me suis régalée de toi?

Daddy chéri, jamais les blagues n'ont été aussi drôle que lorsque racontées par toi, jamais le fudge n'a goûté aussi bon que lorsque c'était toi qui le cuisinais, jamais partenaire d'épluchette de blé d'Inde n'aurai été aussi fin gourmet, aucun clin d'oeil ne sera jamais aussi cher à mon coeur que les tiens, jamais les airs d'accordéon n'ont sonné aussi mélodieux à mon coeur que lorsque c'était toi qui les jouais, jamais rien n'a sur faire vibrer mon coeur autant que ton plaisir de saisir la guitare ou l'accordéon et de nous emporter avec toi. Papa le boute-en-train, papa le musicien, papa le grand charmeur.

Ta musique, papa ! Tu étais rythme, tu étais vitalité pure et à jamais tu seras pour moi musique, papa. Ta musique a marqué mon coeur au fer rouge.

Tu étais perle rare, phénomène unique, homme de verve. Comme j'ai savouré ton humour, tes moqueries, ta répartie, papa ! Comme tu as assoupli mon sérieux, comme tu as mis de la couleur dans ma vie sage et ordonnée !

Ceux qui te connaissent savent que tu as chanté à toute femme qui a traversé ta vie une même chanson que tu as su adapter à toute sauce féminine. Je n'ai hérité hélas ni de ton oreille ni de ta voix mais tout de même, avec tout mon amour, je te l'offre.

 Papa d'amour (et oncle Paul, mon parrain, m'accompagne à la guitare...et mon frère Luc, devant ma voix tremblante, se joint à moi pour chanter dans l'église)

Aujourd'hui samedi, je dévoile mon secret
C'est un beau secret d'amour
C'est un grand charmeur
Qui fait battre les coeurs
C'est mon beau papa d'amour

Papa d'amour, petit papa
Je t'aimerai toute la vie
Et tu seras pour moi toujours
Mon beau petit papa d'amour

Il a les yeux bruns et un coeur rayonnant
Des mains de musicien
Et souvent le soir quand il prend sa guitare
Il sait nous faire veiller tard

Papa d'amour, petit papa
Je t'aimerai toute la vie
Et tu seras pour moi toujours
Mon beau petit papa d'amour

Il est très grand on le taquine souvent
Il est comme un grand enfant
Son nom est Robert mais je l'appelle toujours
Mon petit papa d'amour

Papa d'amour, petit papa
Je t'aimerai toute la vie
Et tu seras pour moi toujours
Mon éternel papa d'amour

Je veux bien en finir avec mon interminable discours mais je dois d'abord te dire mille mercis.

Merci d'avoir joué avec moi au Mille Bornes, au Tock, à la Dame de Pique et au 99, merci de m'avoir appris à jouer à la patience à deux, merci de m'avoir fait tant rire durant tant d'années, merci d'avoir fait de moi la plus fière des petites filles parce que mon père savait marcher sur les mains plus longtemps que n'importe quel autre, merci pour ton authenticité, merci de m'avoir toujours accueillie chez toi comme une reine, merci d'avoir donné à mes enfants la chance inouĩe de te connaitre, merci de t'être accidentellement engardé dans le tapis pour me concevoir, merci d'avoir souvent posé tes si intenses yeux bruns sur moi, merci pour les compliments, merci pour toutes les fois où nous nous sommes témoigné notre amour mutuel dans de cocasses, impétueuses et interminables obstinations, merci de ta confiance, merci pour tous ces regards admiratifs avec lesquels je me suis sentie un instant la plus importante de toutes les femmes de ta vie, merci d'avoir su me dire si souvent et si intensément à quel point tu m'aimais, merci pour tous tes clins d'oeil complices, merci pour tes étreintes chargées d'émotions, merci pour ces valses gravées dans mon coeur, merci pour tes gestes d'amour, merci pour le doux et précieux dernier samedi que nous avons passé ensemble, merci pour ta musique, merci pour ta si belle musique, éternel musicien de mon coeur.

Merci d'avoir été mon père. Merci d'aller offrir ta si précieuse compagnie à ton petit-fils qui t'attend déjà là-haut. Si tu lui offres ta musique, je t'assure papa que tu feras de lui le plus heureux de tous les petits garçons.

Ce fut un privilège et un honneur incommensurable d'avoir été la fille de l'homme exceptionnel que tu étais. J'espère qu'à tes yeux j'en fus digne.

Je dois rectifier une chose une dernière fois afin que la question soit réglée une fois pour toutes: mes cheveux, ils ont été ORANGES, papa, pas bleus comme que tu le prétendais avec conviction. Je te jure, papa, que je n'ai jamais touché au bleu.

Puisses-tu à présent partir l'esprit en paix.

Je t'aime, je t'aimerai toujours, daddy chéri.

Au grand plaisir de te retrouver un jour,

Jennifer"

vendredi, novembre 15, 2013

La coloc

Cohabiter avec le deuil, ça veut dire rouler en voiture, sentir que ce sera une belle journée productive, reconduire son amoureux au travail, aller se chercher un bon latté, arrêter chez deux fournisseurs, rouler les fenêtres ouvertes, se sentir là où vous devez être, être celle que vous êtes.

Juste bien.

Stationnée sur le bord de la rue, faire une recherche sur son téléphone qui vous propose de vous connecter sur le réseau "fucktoute" et éclater de rire toute seule dans la voiture.

Puis, démarrer, un grand sourire étampé dans la face.

Sur St-Laurent, croiser sur le chemin du retour le même groupe de marmots d'une garderie en promenade que pour l'aller. Ça n'avance pas vite ces petiots ! Ça marche leeentement. Un beau petit groupe de 2-3 ans aux mille dossards identiques. 

Ils sont mignons, lents, lourdeaux avec leurs gros manteaux. Chaque pas semble être un défi. Stoppée au feu rouge, vous les observez. Les éducatrices sont d'une patience pour tolérer cette infinie lenteur. Jamais vous n'auriez exercé ce métier, vous n'avez que trop peu de cette qualité requise.

Vous souriez en observant toujours les petits. Leur candeur, leurs minois, leurs belles grosses joues que vous devinez exquises.

Une larme coule sur votre joue.

Le feu change au vert.

Même si la vie continue, votre absent aura toujours cet âge-là.

mardi, octobre 29, 2013

Les hiatus

Y survivre.
On en vit tous, à différents moments de notre vie.

Confrontations, sentiments, compromis.
Zones blanches.
Zones grises.
Zones inaperçues. 
On fait avec, pourtant.

Comme on peut.

Pis ça finit par être fuckin' (je déteste ce mot) much harder.
Chacun a ses aspirations, après tout. Diamétralement opposées...est-ce qu'on contrôle vraiment ça?

Tout ce que l'on croyait "nôtre" est finalement .."nôtre"...ou "sien".

Et après, quand vous regardez votre vie, vous vous demandez ce qu'il reste du "vous"...puis du "vous".

Et finalement..."on verra"...
Ce n'est jamais tout blanc, ni jamais totalement noir...


mercredi, octobre 02, 2013

Écrire. Et le reste.

Ce petit bout de soi que l'on rencontre à force de mots...

Dans le chaos du quotidien fou, des devoirs, du découragement du tout-petit quand on lui fait recommencer une phrase trop brouillon, les moult lettres de l'école (et il y en a, en ce début d'année !!) pour les alertes de virus et parasites de toutes sortes qui impliquent de laver TOUS les lits, vêtements et cie TOUS les jours (comme si on n'avait pas déjà les bras assez pleins), les nombreux calculs pécuniers, la bizzzzness et tout ce que ça implique, le chum parfois trop ambitieux-trop tôt à mon goût qui décide de se lancer en politique et qui s'absente ça et là sans trop crier gare, le bordel continuel (une femme de ménage à temps plein serait découragée de l'état des lieux), le manque de sommeil, les obligations....AaAAAAaaAahhHHHHhh ! Internez-moi quelqu'un !!

Il me semble qu'il n'y a pas si longtemps, il y avait des soirs libres où on savait tirer la plug.
Il y a peut-être juste trop d'ambitions de part et d'autres actuellement dans nos vies.

Petit fille vient d'entrer à la maternelle. Pour la première fois en 19 ans, je n'ai plus d'enfants préscolaire. Je m'attendris devant ses apprentissages sociaux, son assurance, ses nouveaux traits de caractère (parfois intenses, elle qui a toujours été de nature si facile et agréable). On s'ajuste.

J'ai maintenant trois ados au secondaire. À leur manière, eux aussi s'adaptent. Ne le fait-on pas toujours un peu à chaque rentrée?

La thérapie de l'écriture me manque.
Le temps pour le faire, aussi.

Habituellement, dans une telle anarchie, je finis par m'éclipser, en plein rush, au bord des chutes. C'est la quête de l'équilibre. Juste écouter l'eau, sa douceur et sa puissance, et demeurer assise, stoïque...pour mieux replonger.

jeudi, juin 13, 2013

Rancoeur... et trêve

Je vais vous le dire en toute honnêteté, ces derniers mois, il m'en a fait baver. Pour plusieurs raisons, mes réserves de tolérance, de compassion, d'écoute, de générosité et d'accommodement des dix dernières années se sont asséchées. Les derniers mois ont été très difficiles.

Ma confiance a été ébranlée.

Puis, un jour, mon Coco de 11 ans m'a dit sur un ton à la fois blasé et délicat, en trouvant le moyen de sourire à travers ses propos, que son père et moi devrions vraiment faire un effort pour recommencer à nous parler.

On n'en était pas là.
On n'y est pas encore, d'ailleurs et je ne suis pas sûre que la coopération, le dialogue et la bonne foi reviendront.  Je ne suis même pas certaine d'en avoir envie, d'ailleurs.
J'ai trop de déceptions et d'amertume à digérer.

Mais bon. Ce soir, c'était la Comedia dell'Arte de Coco. Sa classe a vraiment travaillé très dur pour monter cette pièce.

J'ai tergiversé toute la journée. J'informe le papa ou pas (ce n'est pas le genre d'info que notre fils lui aurait transmise)? Tellement pas envie de le voir traverser mon champ de vision...

Cinq minutes avant le début de la pièce, j'ai finalement texté l'info.

Puis, quelques minutes plus tard, le papa est apparu. On s'est impeccablement ignorés et il est allé rejoindre un autre de nos fils debout au fond du gymnase.

C'est alors que Coco, en s'avançant dans le public pendant une chorégraphie, a fait un face à face avec son père.

Et moi, de voir son beau visage authentique s'illuminer et son grand sourire fier se dessiner, j'ai été touchée, je me suis dit que j'avais bien agi, que malgré toute ma rancoeur envers son père, lui, mon si merveilleux Coco, sa présence l'avait enchanté.

Ce soir, c'était vraiment tout ce qui importait.

vendredi, avril 26, 2013

Maya, Thomas et ce qui reste gravé

Maya, 16 ans, est la fille ultra-lucide d'une de mes plus précieuses amies. Elle a vécu de près il y a quelques années le décès de mon fils Thomas.

À ce moment, elle n'avait que 9 ans mais une empathie immense, une lucidité quasi embarrassante pour son âge et une humanité que jamais personne ne pourra lui enlever. Au moment du décès de mon fils, la maman de Maya était très présente pour écouter mon absence d'esprit, mon incohérence, ma très grande souffrance. Le papa de Maya, ébéniste consciencieux, quant à lui, construisait le cercueil de mon petit homme.

Adepte de slam depuis plusieurs années, Maya a écrit et slammé un de ses textes qui m'a grandement touchée. Avec son accord, je vous le partage.

"Le deuil c'est ce que l'on doit faire quand l'on perd quelqu'un.
Moi j'ai fait le mien il y a sept ans,
quand la mort a emporter cet enfant.
Un petit ange descendue pour mettre de la joie dans cette grande famille nombreuse,
était remonter après a peine deux ans d'une des façons les plus malheureuse.
Je ne parle pas seulement de mon deuil dans cette histoire,
mais de celui de ses cinq frères et de ses parents qui les ont fait plonger dans le noir.
C'est a ce moment que tu te rend compte que la mort peut frapper partout,
même pour un tout petit bout d'chou.
Dans le fond j'en reviens même pas..
Vous êtes entrain de me dire que même a deux ans il a des chances que tu t'endorme puis que tu ne te réveille pas ?!
Mais je crois que le plus triste dans tout ça n'est pas qu'il soit décédé,
C'est de voir comment la famille et les proches étaient bouleverser.
Comment tous on dut sont soutenir et se tenir par la main pour tout surmonter jusqu'au lendemain.
Je me rappel avoir vue ma mère a mainte reprise partir soutenir cette famille,
les voir complètement le regard vide, les émotions a fleurs de peau, chacun avec une façon différente de faire son deuil.
Je me souvient aussi quand je suis aller à l'enterement, voir Thomas, le petit canard de la famille qui avais cesser de sourire...
Pas même une petite expression, non, le corps completement vide de vie,
ses mains si froide mais mon coeur si chaud.
Avec le temps les gens disent que ça va passer,
mais non le drame reste, il seras toujours dans nos pensés!
Il faut seulement trouver sa façon de vivre avec tout ça,
Moi j'ai trouver la mienne en lui dédiant cela.
Aurevoir Thomas.
xxx"

Merci belle Maya.
Sache que toi qui touchais déjà mon coeur, tu l'as touché encore plus profondément.
xxx

mercredi, février 13, 2013

Voilà, j'ai franchi une ligne

Des mères, parfois, disent: "Voilà, j'ai franchi une ligne, adhéré à une ligne de parti, voilà, ça y est, j'ai trouvé ma voie, je m'implique."

"J'ai trouvé la voie"....C'en est quasiment baveux et je m'en excuse.

Je souris tendrement.

Je leur souhaite tellement.
Sincèrement.

Qui ne voudrait pas en faire autant?

Trouver sa voie
Avoir l'impression que sa vie a enfin un sens
Que tout ce qui était impromptu trouve enfin sa place
Que tout ce qui nous semble inutile trouve incognito une voie d'utilité

Je suis poreuse. Je suis fertile (doh! qui aurait pu le croire??), ai envie d'accueillir des paroles fraîches, des idéaux frais, des idéologies pétillantes?

vendredi, février 08, 2013

Ne le dites pas trop fort

Je ne dis plus grand chose.

Bon sens, que je suis pudique, que je me dis!

Est-ce que je le deviendrais encore plus que je ne l'étais déjà?

Tant de pensées traversent mon esprit mais n'ont plus le réflexe "blogue". Je dois le dire, cela transparait sur ma santé mentale. J'ai l'impression d'avoir perdu mes mots. Écrire est si salutaire!

Est-ce le manque de temps? Je relis mes posts d'il y a 5 ans et je suis stoïque devant le constat du temps dont je disposais. Suis-je plus accomplie?

Mon bébé aura 5 ans en septembre.

La dernière fois que j'ai connu ça être seule à la maison, j'avais 19 ans. Pas encore de bébé. Pas tout à fait. Je décorais amoureusement mon premier appart'. C'était chou, marginal, ça me ressemblait. La salle de bain inspirait tout le monde à sa fonction principale, j'ai adapté dans ma première cuisinette mes premières recettes, mon salon me ressemblait: broche-à-foin, bohème, propret, confortable, estudiantin.

Et ma chambre! Aah, celle où il y avait un esprit! Oui-oui, un vrai esprit qui y vivait et me terrorisait, et pas juste moi!

C'est paniquant, les nouvelles étapes.

J'en referais un tout-mini tout chaud tout grimaçant (j'en suis revenue aux bébés) pour demeurer dans cette zone si douillette, si amoureuse, si maternelle et si paradoxale à la fois pour étirer le fabuleux (mais duuuur) temps de cocooning à la maison à prétexter le moment de l'allaitement pour ENFIN s'allonger. Du même coup, admirer-sniffer-s'émouvoir-s'éprendre solide devant sa millième merveille du monde et son individualité propre. Attendre le retour (trop hâtif) des grands en préparant des biscuits qu'ils renifleront avant même d'entrer dans la maison, être dérangée constamment par des besoins impromptus aussitôt pardonnés avant même d'être nés.

Inutile de le dire: chez nous, il en manquera toujours un.

Avoir une maison (relativement, of course) propre, ne pas avoir trop d'attentes, se sentir encore 'légitimée" de procréer, n'avoir pas de fils qui s'apprête à vous quitter pour le cégep de Baie-Comeau.

Je vieillis.

Ne le dites pas trop fort.

samedi, janvier 12, 2013

Les lièvres -encore eux.

Il fallait bien cesser de les courir, ces maudits lièvres.

La marmaille qui grandit, la recherche d'emploi, le blogue en hibernation, la jeune entreprise, les fichues responsabilités domestiques et....la si précieuse vie amoureuse aussi.

Cet automne, j'en ai trucidé un. J'ai cessé de chercher un boulot dans les comms, RP et web social.

Je me dédie désormais entièrement à ma stimulante et sympathique petite entreprise.

Une excellente chose: je suis moins éparpillée, plus créative, plus efficace, je gère mieux mon temps, cible mieux mes priorités. Qui plus est, je fais ce que j'aime.

J'ai été si occupée cette dernière année que je me demande comment j'ai pu terminer l'année 2011 (oui-oui, 2011) en même temps que tout le monde.

J'avais même mis de côté la rédaction d'un manuscrit sur lequel j'avais travaillé durant plusieurs années.

Nous rentrons d'une semaine de vacances. Le fait d'avoir le temps de lire (plus que trois pages de suite avant de dormir le soir) m'a véritablement donné envie d'écrire à nouveau (mon manuscrit a été refusé par neuf éditeurs).

Je me suis remise au boulot. J'ai plusieurs projets prometteurs en branle.

2013 représente un nouveau départ pour moi.

Bonne, fructueuse et surtout, heureuse année 2013 à vous tous chers lecteurs!