dimanche, novembre 29, 2009

L'outil

"Maman, z'arrive pas à "plucher" ma carotte."



Oups.

mardi, novembre 24, 2009

Le temps

Voici à quoi je passe le mien depuis quelques jours, en prévision de la période des Fêtes (pas déjà?)...



Je refais des batchs de préférés, réalise de nouvelles expériences dont mon coup de coeur d'hier: savon ultra-doux géranium palmarosa bois de rose et argile rouge. À tomber. Littéralement.

dimanche, novembre 22, 2009

Le congrès

J’ai accompagné Grand-Homme en congrès. Évasion conjugale qui fut fort bénéfique. Plaisir que de se retrouver parmi une horde de gens qui ne connaissent rien de vous. Plaisir que de s’offrir à découvrir, plaisir que de découvrir d’autres gens et de tout construire sur une page blanche. Rares sont les occasions qui s’offrent à nous.

Discussion « ouf » avec un conseiller pédagogique rencontré là-bas. De fil en aiguille, je parle de mon livre, des événements qui m’ont amenée à l’écrire. La mort explorée sous toutes ses coutures. Pas la mort qui rend mal à l’aise. Non. La mort et ses mille possibilités, la mort que l’on cherche à comprendre, à désamorcer, à apprivoiser. La mort comme amorce philosophique.

Il m’est arrivé à quelques reprises ces derniers mois de ressentir une panique intérieure suite à des commentaires de mon entourage sur mon fils Thomas. Sur certaines de ses habitudes que moi, sa mère, j’ai "oubliées". Trop de détails le concernant me sont actuellement inaccessibles.

Je craignais qu’il en soit ainsi. Dès les premiers jours ayant suivi sa mort. C’est pourquoi je me suis empressée de noter le plus de choses possible, des mots-clés rappelant situations, habitudes, anecdotes sur lesquelles je voulais élaborer dans son livre de bébé (ce que je n’ai toujours pas fait près de quatre ans après).

En discutant avec cet homme, donc, il m’a proposé la théorie plus qu’intéressante de l’ intelligence émotionnelle d’un certain Goleman. Je connaissais l’état de choc, je sais que je suis passée par là, je sais qu’une part inconsciente de moi a tout cadenassé ce qui concerne mon fils pour me permettre de continuer.

Grosso moddo, cet auteur (Goleman) suggère que lorsqu’un « coup d’état émotionnel » survient, le cerveau rationnel se déconnecte de la part émotive concernant un événement particulier pour survivre. Il l’isole, le calfeutre, le met en quarantaine. Amnésie partielle, comme pour une crise de folie passagère. J’ai plusieurs fois reconnu cela à cause de cette manière froide et détachée d’être qui me caractérise lorsque je parle de lui, mon petit garçon parti trop tôt.

J’expliquais à mon voisin de table mon incompréhension, mon sentiment d’injustice vis-à-vis le fait que d’autres personnes aient emmagasiné à son sujet beaucoup plus de détails en mémoire tandis que pour moi, chaque souvenir émergent subitement est une fête secrète et émotive dans mon cœur. Une de mes craintes était que une fois que cette « amnésie partielle » sera terminée, que ce choc sera bien intégré, eh bien qu'il ne reste plus que des lambeaux de souvenirs réels, qu'ils aient eu le temps de pâlir au point de s’effacer.

Mon voisin de table, un adepte de cet auteur, m’a assurée que non, que tout était encore bien là, que tout ce qu’il manquait, c’était le pont entre le rationnel et l’émotif. À l’idée qu’il ait raison, l’émotion qui déferle là, en ce moment, vous n’avez pas idée.

Quelques jours après ces intenses discussions sur la mort qui finalement ont soulevé beaucoup plus de remous que je ne l’aurais d’abord imaginé, un rêve de lui. Pas du voisin de table, mais bien de mon fils.

Un rêve dans lequel, contrairement aux douze rêves de lui si elfiques, si magnifiques, si purs, si doux, si intenses, si lents, si vrais, si spirituels, si apaisants, empreints d'une indéfinissable quiétude que j’ai faits de lui les douze mois qui ont suivi son départ et où je me trouvais dans son monde plein de grâce à communiquer avec lui sans jamais avoir à ouvrir la bouche, uniquement par une sorte de télépathie sentimentale d’une indéniable authenticité, c’était lui qui était revenu le temps d’un contact hors du temps avec moi.

Juste lui et moi, une belle journée d'été, moi assise sur le deck de la piscine, yeux mi-clos, lui dans mes bras, moi qui le berce contre mon cœur en silence. L’activité autour est diffuse, nous sommes dans une bulle intouchable. Quiconque le voudrait ne pourrait briser ce moment. Le danger, la peur, le doute n'existent pas. Nous sommes ailleurs, où le concept même d’agression (quelle qu'elle soit) n’est pas. Comme toujours, ni lui ni moi ne disons mot. Comme toujours, juste une espèce d'énergie ou d’amour universel comme langage. Nous ne parlons pas, nous ressentons. Nous sommes dans un état de paix intérieure indéfinissable.

Nous savons tous deux qu’il repartira mais on ne s’en inquiète pas, on ne fait que profiter du moment dans une parfaite communion des âmes (ou des cœurs, je ne sais trop) avant que lui ne doive s’en retourner dans son monde. Ses départs (ou les miens) ne sont jamais tristes. Ni pour lui ni pour moi. Ses départs sont juste…naturels, sans déchirure, sans rien raviver de la douleur de la perte. Bien au contraire. Ses départs me laissent pleine d’un amour infini, d’une foi inébranlable. Je dirais même que ses départs me laissent encore plus forte.

Cela faisait deux ans que je n'avais pas rêvé à lui. Plus qu'un baume, ces rêves sont des vitamines pour le coeur.

Éveil

Il y eut/a parfois dans ma vie des éléments insignifiants en surface pour quiconque mais pourtant capitaux pour mon bien-être. Déstabilisée alors (mais également soucieuse de démontrer de la flexibilité, de la volonté d’adaptation), j’ai négligé de leur accorder de l’importance par l’action concrète et réelle. J’en ressentais pourtant les méfaits, parfois subtilement, parfois douloureusement. Souvent, j’ai tenté de bien cerner les irritants pour mieux les désamorcer. Mon inaction ne démontrait pas de l'indifférence. Ni de l'insensibilité. Juste de la déroute.

Pourquoi ai-je toléré des éléments qui m’étaient néfastes, qui allaient à l’encontre de mon intégrité, de mon bonheur? Est-ce de la mollesse? Un manque de volonté? De la peur? Un courage déficient? De la faiblesse? De la reddition? De la résignation?

Quoiqu’il en soit, graduellement, des choses changent. En moi. Je me rapproche de moi, de ce que je suis. J’ai cessé d’espérer, d’idéaliser, d’attendre des autres. Le besoin de plaire, d’être appréciée s’atténue, pâlit. Je ne m’en porte que mieux.

lundi, novembre 16, 2009

Les priorités

Je passe en revue la dernière décénnie de ma vie, en tire quelques grandes lignes: les moments où j'ai été le plus heureuse, le plus fière, le plus accomplie, le plus épanouie, etc.

Constat: les périodes de ma vie où j'ai été le plus heureuse sont celles où par choix, je me positionnais naturellement en première place dans l'ordre des priorités qui influencent mon parcours. Malgré une situation financière plus précaire, des contraintes, des responsabilités, j'étais la première personne à prendre en considération dans toutes mes décisions (avant même les enfants). Je prenais mes décisions en fonction de ce qui ME rendrait heureuse et tout le reste s'ajustait. J'étais épanouie, positive, forte sans même m'en rendre compte car mon bonheur intime avec moi-même me rendait capable de tout, confiante en moi et en mes capacités.

Je me suis effacée au fil des situations, ai perdu mon réflexe de tenir compte de moi en premier. Et je ne parle pas d'égoïsme. Je parle de savoir entretenir les zones de bonheur fertile, de choisir d'y patauger allègrement, de savoir s'entourer de personnes qui nous stimulent, nous nourrissent, nous font rire, nous apprécient, nous renvoient une image positive de nous-même et avec lesquelles il est facile d'échanger. Ce réflexe est intimement lié à l'attitude, à la perspective avec laquelle on choisit de regarder sa vie. Cette attitude, c'est ce qui fait qu'on se sent acteur de sa propre vie plutôt que spectateur de la vie des autres.

L'efficacité

Je déteste magasiner. Haïs. Abhorre. Je marche plus vite que tout le monde, je vais droit au but, faut que ça opère. Pardon madame, 'scusez monsieur. Je slalomme entre les magasineux lents qui élisent domicile entre les rangées.

Hier, un jour de fin de semaine, me sentant brave (ou désespérée) j'ai foncé dans le tas. Il le fallait: ma paire de jeans me donne l'air d'un plombier. Je ne m'en plaindrai pas, sachant ce que ça signifie. Dans la section des jeans, ai sélectionné huit paires, les ai toutes essayées. Aucune ne m'allait. Too bad, merci, bonsoir.

Courses au Costco ce matin. En passant à travers la section des vêtements, tiens, des jeans. Vraiment beaux. Enlève mes souliers, enfile une paire de jeans par-dessus celle que je porte, super, tout baigne, tiguidou, merci, bonsoir.

Pas de néons, pas de cabines, pas de vendeuse, pas de tataouinage. Voilà le magasinage comme je l'aime lorsque je ne le fais pas directement sur le net.

dimanche, novembre 15, 2009

Bouche bée

je demeure, plus souvent qu'autrement, devant la beauté de ses mots, la profondeur de ses réflexions, leur pertinence, ses métaphores saisissantes, ses images touchantes, sa foi en la volonté humaine, sa persévérance, son intégrité, sa loyauté à ses montagnes.

C'est par ici.

jeudi, novembre 12, 2009

La voix discordante

J’en ai marre d’entendre parler de la grippe A(H1N1). Marre d’en entendre parler dans les médias (et aux rencontres de parents, et au C.É, et de manière informelle pour exorciser le mal-être collectif avec cette pandémie digne des films d’épidémie qui décime la planète). Marre de recevoir des courriels tentant de me convaincre de méfier du vaccin, aussi. Je ne les lis même plus.

Pourtant, je comprends la nécessité de faire passer quelque part le message de la voix discordante. S’il y a quelques semaines à peine seulement 33% des Québécois comptait recevoir ledit controversé vaccin, l’habile opération médiatique de panique, oh pardon, de relations publiques est en train de renverser la vapeur.

Là où je veux en venir, c’est que dans une opération comme celle-là, pour démontrer que l’on est un gouvernement responsable et qu’on ne reste pas inactif devant la menace d’une pandémie, il faut agir vite, montrer que des mesures ont été prises pour rassurer la population. Ces mesures, dès le départ, ont suscité une polémique parce que ce vaccin préparé à la hâte n’avait pas eu le temps de faire ses preuves.

La voix officielle, celle de la Santé publique et du collège des médecins : il faut se faire vacciner pour être protégé. Pour convaincre la population, il faut présenter un discours unifié, une image cohérente que les membres du personnel de la santé doivent endosser. Ce que je déplore dans cette situation c’est que l’opinion personnelle ne compte plus quand on fait partie d’un corps médical. Du moins pas publiquement. Plusieurs membres du personnel de la santé se questionnent sur le contenu de ce vaccin et ses effets dont on a décrié le thimérosal comme composante. Ce questionnement est légitime, voire sain. La voix officielle : c’est sécuritaire.

Pour pouvoir faire un choix éclairé, il faudrait l’entendre sur la place publique, la voix discordante. Lui accorder une tribune, lui permettre de questionner la voix officielle, permettre à la population de choisir de son plein gré. Quand on fait partie du système de santé et qu’on est contre ce vaccin, donc, son opinion, on doit la garder dans sa poche, la susurrer pour ne pas nuire à l’unification du discours, pour ne pas se faire taper sur les doigts pour avoir osé se dresser contre la ligne du parti, contre le mastodonte du Collège des Médecins et le puissant lobby pharmaceutique. Lorsque, en tant que professionnel de la santé, on parle de la voix discordante, on se fait sommer par le Collège de le faire en tant que personne, non avec son titre de Dr. Et tout ce que cela implique comme crédibilité.

Cela ne donne-t-il pas une information biaisée et incomplète si un médecin n’a pas le droit d’expliquer publiquement les raisons pour lesquelles il a des doutes à propos d’une pratique, d’un médicament ou d’un vaccin lorsque le Collège a pris position?

Quoi qu’il en soit, puisque la tribune de la voix discordante est quasi inexistante, apparemment, c’est par courriel que ça se passe. Ce n’est pas aussi puissant que les unes terrifiantes du Journal de Monrial ou que les images d’interminables files d’attentes des cliniques de vaccination aux bulletins télévisés, mais ça circule.

Il y a quelques années, une campagne de vaccination massive contre la méningite avait eu lieu au Québec. Huit cas isolés déclarés, si je me souviens bien, avaient été à l’origine de cette « nécessité. » Une grande proportion de parents avait choisi de ne pas faire vacciner leur enfant et cela avait déstabilisé la Santé publique, qui avait entrepris de lancer une deuxième campagne de relations publiques pour secouer l’inconsciente population.

De plus en plus, les gens questionnent, ne prennent plus systématiquement pour du cash les recommandations du lobby pharm…de la Santé publique, dis-je bien.

Organiser une campagne de relations publiques en présentant un discours unifié et persuasif sur une action à poser « pour le bien collectif » est somme toute facile quand il n’y a que quelques récalcitrants sans tribune. Lorsque l’opération de relations publiques devient de la gestion de crise parce que le discours que l’on espérait unifié ne répond pas à toutes les questions, parce qu’un doute subsiste, parce qu’on tente d’étouffer la voix discordante qui appelle à la transparence, à un débat clair et éthique, parce que le bien collectif, c’est souhaitable mais pas au détriment du bien individuel, c’est une autre paire de manches. Ce que je veux, moi, ce n'est pas un discours unifié. Ce que je veux, c'est le droit de choisir en toute connaissance de cause si ce qu'on veut m'injecter dans le bras, je l'accepte ou pas.

Quelques voix discordantes sur la vaccination: un documentaire de l’ONF Silence, on vaccine.


L’envers de la pilule, publié aux éditions Écosociété. C’est un regard bien documenté sur la réalité de l’industrie pharmaceutique au Québec, au Canada, aux Etats-Unis et à travers le monde. C’est ahurrissant.

The Atlantic. Une lecture intéressante sur la vaccination contre la grippe saisonnière, dans laquelle on explique que ce vaccin n’a jamais démontré son efficacité auprès des populations à risque d’abord puisque la souche du virus développé chaque année dans une population X est inconnue au moment où l’on fabrique les vaccins, donc c’est de la pure spéculation et ensuite parce que pour bien protéger les populations à risque (personnes âgées, leucémiques, immuno-déficient, etc.) qui répondent mal aux vaccins, c’est la population saine, qui elle répond bien aux vaccins, qu’il faudrait vacciner.

mercredi, novembre 04, 2009

Hilary

Je ne peux m'empêcher de penser à Hilary dans cette anecdote racontée par Gilles Duceppe à l'ouverture de campagne dans mon comté il y a quelques années et qui souligne l'importance de la femme dans la vie d'un homme carriériste. Une femme pour l'encourager, assurer ses arrières, alimenter ses réflexions sur certains sujets, le faire réflechir, le supporter, l'aimer, être indulgente, conciliante, prendre en charge la maisonnée, la marmaille, les apparences, donner le ton, abnéguer lorsqu'il le faut. Une égérie souvent dans l'ombre.

Hilary, donc, en voiture avec Bill, s'arrête dans une station-service au beau milieu de nulle part. Elle s'emballe soudainement, sort de la voiture et accourt saluer le pompiste qui est nul autre qu'un de ses anciens amoureux. Ils discutent pendant que la voiture se remplit.

Bill finit par s'impatienter. Hilary rembarque dans l'auto et son mari de s'exclamer: "Une chance que tu m'as marié! Tu imagines, si tu ne m'avais pas rencontré, tu aurais été femme de garagiste!".

Et posée, Hilary de répondre: "Non mon chéri. Si je ne t'avais pas rencontré, c'est lui qui serait devenu président."

Élaguer

C'est ce que je m'applique à faire. D'abord mon esprit, d'où les nombreux billets.

Ensuite mon bureau de travail où l'on ne s'y retrouve plus.

Puis tout le reste.

Watch out.

Quand Jen en a son casque, ça déménage.

La satisfaction

En discutant avec les collègues du cours d'anglais, un constat: aucun aspect de ma vie ne me procure une entière satisfaction, une satisfaction nourrissante et vraie.

Je ne suis au-dessus de mes affaires nulle part.

Ma vie, ces derniers mois: essayer de tenir ensemble tous les pans de notre réalité. Je suis sur l'autel, amère, résignée, désolée, à regarder s'accomplir l'homme épanoui et stimulé, les enfants heureux de leurs découvertes, mes amies dont les enfants rendus plus autonomes laissent plus de latitude à leur maman. J'essaie de me centrer sur mon objectif mais trop souvent mes priorités prennent le bord parce qu'il y a tout le reste.

Je ne veux pas négliger la petite enfance de mes si précieux petiots que pourtant je bouscule pour tenter d'arriver à tout coordonner, à trouver un tant soit peu de satisfaction quelque part. Je demeure donc sur l'autel. Pour combien de temps encore? L'autre prendrait-il ma place lorsqu'il le faut que je puisse m'accomplir aussi, trouver mon équilibre?

Me sens dans une gare bondée à regarder les autres rejoindre le train de leur accomplissement, à donner les directives à ceux qui le demandent. Je demeure immobile, tant de trains passent, je n'en attrappe aucun. Pourtant, c'est moi qui cours. Je voudrais pouvoir, comme tous ces gens, me consacrer à une destination, une seule qui puisse me faire sourire de satisfaction, qui puisse me permettre de m'asseoir sur un gratifiant sentiment d'accomplissement, qui puisse m'offrir le bonheur d'avoir enfin été au bout de quelque chose.

Je regarde ma vie, remets en question mes décisions des dernières années. Comment est-ce que j'ai pu m'enfoncer dans une inefficacité aussi chronique, moi qui ai toujours été au-dessus de mes affaires? Pourquoi ai-je fait les choix que j'ai fait alors que j'étais en connaissance de cause des obstacles de la situation?

Depuis ma gare, je déglutis. Je n'aime pas celle que la situation fait de moi: une femme aigrie, qui a perdu son sourire, ensevelie sous beaucoup plus d'obligations et de responsabilités que de plaisir et d'accomplissement. Je ne veux plus mettre tous mes oeufs dans le panier familial, j'ai besoin de paniers qui me sont propres, de manière complémentaire.

Comment se sortir d'une toile si complexe dans laquelle les rôles se sont figés d'une manière stérile, dans laquelle on s'asseoit sur de malsains acquis, dans laquelle le déséquilibre est devenu pernicieux, dans laquelle un écart s'est créé laissant les plaisirs d'un côté, les responsabilités de l'autre, une zone commune à peu près inexistante et un contexte dans lequel les réalités de chacuns deviennent si différentes que l'on finit par perdre le fil de l'autre?

Tout ce que sont mes plaisirs sont désormais perçus à tort comme une perte de temps: aller marcher, courir au sens propre, jouer du piano, jouer avec mes enfants, préparer des savons, ce qui décuple mon amertume de voir l'autre savoir prendre le temps de s'appliquer à ses plaisirs à travers un chaos qui semble passer inaperçu.

Ce n'est pas ainsi que je veux ma vie.

La voie

Je me suis demandé souvent ces dernières années ce je ferai de ma vie. Tant de choses m'intéressent!

Avant de m'inscrire au bacc en communication organisationnelle, je voulais devenir orthopédagogue ou enseignante de français.

Ce n'est pas ma vie, ça ne le sera pas non plus.

J'ai trouvé un programme qui m'intéresse vraiment à l'université. Il s'agit d'une mineure en éthique et droit. Je voudrais me spécialiser en communications éthiques. Plusieurs débats éthiques médiatisés ces dernières semaines ont nourri ma réflexion. J'ai des cours à terminer dans deux programmes entamés ces dernières années mais je me sermonne à restreindre mes engagements pour ne pas crouler sous le surmenage.

La question que je me pose: si j'ai du mal à tout coordonner avec un simple cours d'anglais, comment arriverais-je, comme étudiante libre d'abord puis ensuite comme étudiante à temps partiel, à faire toutes mes lectures, exécuter tous mes travaux?

De la maison? Impossible.

Avant d'avoir envoyé mon manuscrit? Impossible.

Le manuscrit est actuellement un frein. J'ai besoin d'aller au bout de ça pour fermer une porte et me permettre d'en ouvrir d'autres.

Cours d'anglais. Encore lui.

J'adore mon cours de conversation anglaise. Ça nourrit mon esprit, ma fibre liberté, ma fibre sociale, mon besoin de respirer. J'aime la dynamique du cours, j'apprécie le rafraîchissement de mon vocabulaire anglais et je trouve génial qu'un soir par semaine toute la maisonnée soit prise en charge par mon amoureux.

Le cours d'anglais engendre cependant un problème. Si le cours lui-même est fantastique pour les raisons énumérées plus haut, les devoirs viennent inévitablement. J'aime les devoirs d'anglais. Comme je suis toujours à la course, je les exécute à la dernière minute, soit deux heures avant le début du cours.

Pathétique.

En parlant avec d'autres mères de mon cours, la réalité est la même: à la course, toujours à la course. C'est réconfortant de constater que je ne suis pas la seule à courir après mon temps mais ça ne règle pas mon problème.

Voyant que je n'arriverais pas à tout faire avec l'application que mérite le devoir, j'ai pris une pause hier soir. Assise sur le divan, à expliquer à mon homme allongé dont la tête reposais sur mes cuisses que je n'y arrivais pas, que l'organisation de ma vie était un réel fiasco, que tout allait tout croche, que j'en avais marre de devoir coordonner tous les aspects de la vie familiale, que j'étais épuisée, je pointai le plancher en ajoutant: "Regarde, c'est le bordel, je n'en peux plus des crayons qui traînent, des morceaux de casse-tête, des vêtements, c'est désespérant."

Et mon homme, tout relaxe, de me répondre en fixant les airs: "Shhht. Regarde le plafond."

C'est donc ainsi que l'homme voit les choses?

Regarder le plafond, c'est sans doute apaisant l'espace d'un instant mais ce n'est hélas pas là que l'on vit et ça ne règle rien pragmatiquement parlant.

Rien

J'ai décidé qu'aujourd'hui je ne toucherais pas à mon manuscrit.

Ce livre me rend folle. Je veux tellement atteindre mon objectif de le terminer en décembre que je m'impose un stress fou, ne profite plus du moment présent, passe moins de temps de qualité avec mes enfants, le désordre de ma maison est irrécupérable et affecte beaucoup ma quiétude d'esprit, je suis amère envers tous les obstacles du quotidien qui m'empêchent d'être dans un mode créatif. Ce n'est pas du tout un moi que j'aime.

Je m'impose une discipline intouchable même lorsque je ne suis aucunement disposée d'esprit et totalement improductive, juste pour le principe. C'est complètement ridicule.

Aujourd'hui, je prends le temps de prendre mon temps, de boire un café au lait pendant la sieste de ma chérie d'amour, d'écrire sur mon blog mes réflexions des dernières semaines, de trier et d'expédier ce qui encombre la maison, de régler des trucs en suspend, de répondre à des courriels reçus depuis des semaines mais relégués à la case "plus tard".

La coquetterie adulte

Je demeure bouche bée quand on questionne pourquoi ma fille n'a pas encore les oreilles percées, comme si cela devait aller de soi. Chaque fois confrontée à "l'urgence" ou la nécessité des autres pour la chose, je n'ai jamais pris réellement le temps de me demander ce que j'en pensais. Une petite fille aux oreilles percées, c'est certes mignon mais est-ce que j'y tiens? Bof.

Je magasinais hier avec mes deux plus jeunes. Comme je déteste les centres d'achats et que justement j'y étais, j'en ai profité pour traverser en entier ce fichu Carrefour Laval dans lequel je me perds à coup sûr afin d'aller prendre de l'info sur le perçage d'oreilles. Sur place, je regarde les bébés boucles d'oreilles et j'imagine ma mignonette si mignonne. Ouais, ça pourrait être fort coquet.

D'accord, que je me dis impulsivement. Go.

Béatrice en avait décidé autrement. No way. Personne ne touchera à mes oreilles. Et la dame de tenter d'accéder auxdites petites oreilles pour dégager les mèches de cheveux, désinfecter puis dessiner un petit point sur chacune. Don't touch. Et tape. Et la dame de s'y prendre doucement. Et Béatrice de la suivre des yeux pour la taper chaque fois qu'elle tentait de lui toucher. No way.

"Je vais la mettre au sein", que je déclare. "Elle sera calme." Béa de téter, effectivement, la bouche au sein et tournant la tête en emportant le sein avec elle pour suivre des yeux la traîtresse de dame en la sommant de se tenir loin de son regard menaçant.

Voyant qu'elle ne pouvait se protéger convenablement blottie contre maman, Béatrice de se redresser pour faire face à la dame en faisant avec ses deux mains une espèce de balayage continuel style papillon.

La dame d'essayer à nouveau tandis que Béatrice défendait avec vigueur la virginité de son lobe.

"On va oublier ça je pense. Je ne la forcerai pas."

La dame d'acquiescer.

Je suis repartie, Bébé Fille soulagée et moi probablement autant qu'elle.

Me suis sentie cheap d'avoir tenté de lui imposer une coquetterie typiquement adulte.

"C'est plus dur à cet âge.", a conclut la dame.

"Possible, mais je ne l'aurais pas fait de manière précipitée pour répondre à des urgences qui ne sont pas les miennes."

On a encore bien des années devant nous. Qui sait si, dans quelques années, coquette, ce ne sera pas elle qui me le demandera?

Savons marbrés

J'ai décidé de préparer il y a quelque temps des savons du hippie au patchouli pour mon ami JM qui ne se peut pas pour cette odeur. Je mets mes huiles à chauffer, prépare mes HE et me rend compte que j'ai été dûpée par une source olfactive trompeuse de patchouli à la maison. J'ai une petite armoire cute qui a déjà contenu une bouteille d'HE de patchouli mais l'odeur y est tellement ancrée que lorsque j'entre dans le bureau et que l'odeur règne, je sais que quelqu'un en a ouvert la porte.

Un savon du hippie sans patchouli, donc. J'ai fait mon marbré avec de l'argile rose et j'ai parfumé aux HE d'orange, de bergamote, d'ylang-ylang et de lavande.



Le suivant, c'est un marbré aux raisins très odorant. C'est l'une des premières fragrances que j'ai achetées et je me suis enfin décidée à l'utiliser. Il sent vraiment trop bon!

lundi, novembre 02, 2009

Le scrotum

Mon fils Grand-Charme m'a appris ce soir après une longue discussion sur la sexualité que le scrotum était une partie du système digestif, oui-oui, la dernière d'entre toutes, celle complètement à l'extrémité.

Grand fou rire de ma part, insistance de la sienne: "Mamaaan, je le sais, j'ai fait une recherche sur le système digestif en sixième année."

Rectification de ma part, obstination de la sienne: "Je le sais maman, j'ai présenté un exposé devant la classe à ce sujet."

-Pas devant toute la classe? Et ton prof, elle était morte de rire?

Pardon à tous ces élèves masculins qui sont rentrés chez eux avec un scrotum relocalisé, pardon aussi à ces jeunes filles qui ont hérité malgré elles d'un tel attribut.

dimanche, novembre 01, 2009

Le fil

Au café, une matinée où le temps est compté.

Je m’installe, me crée une bulle et écris. C’est plus fort que moi, si ça parle trop fort autour et que la discussion est émotivement sollicitante, ça anéantit ma concentration et je deviens voyeuse malgré moi.

Un sanglot soudain à la table derrière, de biais. Je me retourne. Une ado magnifique, une latino d’après son teint basané et ses beaux cheveux frisottés, qui s’écroule sur l’épaule de sa mère. Elle pleure, bouleversée. La mère, droite, solide, aimante, accueille le chagrin. Une fois le mal exorcisé, elles discutent. La fille se remet de ses émotions, la mère-phare, posée, semble disponible, son approche, constructive. Elle n’infantilise pas, n’appitoie pas, ne moralise pas, ne tombe pas dans le parfois piège de l'émotif. De ma table, du moins, rien de ces entraves au bon dialogue ne se dégage. Je me retourne plusieurs fois; je les trouve belles.

Bon, ça y est, c’est moi qui pleure.

C’est une mère comme ça que je voudrais être : solide, disponible, ouverte, à l’écoute et qui ne prend pas en charge à la place de l’autre, son enfant, un individu à part entière avec ses choix, sa vie, ses décisions. Une mère présente qui sait entretenir le fil, rater une demi-journée de travail s’il le faut, motiver une absence de l’école de son enfant pour l’emmener prendre un café et parler.

La mère parle au cellulaire. Tiens, elle parle arabe. Elle ne dégage rien de la femme arabe de l’ombre que l’on imagine souvent. Par son verbal, par son port altier, on dirait plutôt une femme de tête, racée, indispensable, fonceuse. Une main de fer, une louve avec dans ses gestes une indéniable tendresse pour sa fille. J’essaie d’écrire, réprime mes sanglots. Je suis une éponge, mon avant-midi d’écriture est compromis.

Nous quittons en même temps. La jeune fille semble plus légère, elle a retrouvé son sourire, la mère la taquine, elles se tiraillent en marchant vers la voiture.

J’espère que je saurai, comme cette mère, entretenir le fil de la proximité et de la confiance de mes enfants quand le jour viendra où, comme cette ado, ils auront besoin de parler.